Paul Meynier

Cet homme d’exception à la générosité débordante, je l’ai connu peu après la libération, alors qu’il était président de l’Etoile Sportive des Métaux de Tamaris. Ce club omni sport affilié à la F.S.G.T. (fédération sportive et gymnique du travail), permettait la pratique de deux sports essentiellement : le football et le basket.

Paul Meynier avait le sourire franc, l’approche directe, la voix qui porte. En somme une autorité naturelle sur les gens et particulièrement sur les jeunes. Son activité syndicale non sectaire, au sein de l’usine des Forges faite de dévouement, lui conférait l’estime générale au sein des ouvriers.

Paul MeynierJe le vois, orateur sans micro, parler du perron de l’église de sa voix caractéristique dans un silence recueilli, aux ouvriers en grève. J’étais impressionné par l’écoute attentive de ses camardes. Communiste de cœur, sans sectarisme, il respectait celui d’en face et rendait des services à tous au delà des convictions de chacun.

A plusieurs reprises, dans le cadre des activités du comité d’entreprise des Forges, il organisa, le prenant sur ses congés, des camps de vacances d’été pour les jeunes du centre d’apprentissage. Certaines années c’était Argeles sur Mer, d’autres fois Annecy. Il partait ainsi pour trois semaines avec cinquante jeunes de 16 à 19 ans, qu’il dirigeait d’instinct en faisant confiance aux ainés pour s’occuper des plus jeunes et ça marchait. J’ai eu le bonheur de participer à deux camps d’été à Annecy. Jamais, loin de ma maison, je ne ressentis autant de liberté dans un cadre qui avait ses règles mais où chacun faisait à peu près ce qu’il voulait. Quand il y avait des conflits, Paul Meynier était vite renseigné et ne tardait pas à crever l’abcès ; il montait sur une chaise, le silence s’installait aussitôt et nous prenions "un savon" bien mérité. Il n’avait pas de rancune et la vie repartait dans la bonne humeur.

Qui était-il au fond ? Je dirais une sorte de "missionnaire laïque". D’ailleurs nous l’appelions "l’abbé" (je n’ai vraiment jamais su pourquoi). Il eut une grosse influence sur nous tous, enfants du quartier de Tamaris. Il apporta beaucoup à son collaborateur puis successeur à la présidence de l’E.S.M.T., Louis Raffin. Raoul Lardhit qui amena le basket local à son niveau le plus élevé, l’admirait et dans un autre style, fut un peu son élève.

Quant à nous, André Chabanis, Daniel Serrano, et moi-même, nous le considérions comme un phare et sa manière détermina nos engagements auprès de la jeunesse du quartier… ou d’ailleurs. Il serait opportun qu’une rue de Tamaris porte le nom de Paul Meynier.

Rolland Ragusi, samedi 8 février 2014